Précarité à l'Orchestre de Tours : les musiciens durcissent le ton

Le Grand Théâtre de Tours - Baloulumix
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"Orchestre de Tours : vers l'explosion", alerte le Syndicat Tourangeau des artistes musiciens. Les musiciens en CDD réclament un changement de statut. Une pétition a déjà récolté 4000 signatures, et des voix d'artistes célèbres s'élèvent en solidarité. Explications.

Passer de CDD à CDI à temps complet. C'est ce que demandent avec insistance, depuis deux ans, les musiciens précaires de l'Orchestre de Tours. Une réclamation parvenue aux oreilles de grands noms de la musique, dont Daniel Harding et Renaud Capuçon, qui ont publié ces derniers jours des messages de soutien sur les réseaux. Des soutiens qui revigorent les musiciens, plus que jamais déterminés à changer de statut. "Nos statuts actuels permettent à la structure, dès qu'elle a un problème, de réduire soit le nombre de musiciens, soit le nombre de répétitions et le nombre de concerts. Cela veut dire moins de levées de rideaux, un service public qui n'assure pas l'ensemble de ses missions", détaille Laura Perrine-Martin, hautbois co-solo à l'orchestre, membre du Syndicat tourangeau des artistes musiciens (Stam).

Avec une "grande angoisse", dit la musicienne, pour l'avenir de la formation : "Cela serait terrible que la région Centre, que son unique orchestre à mission permanente, finisse de cette manière. Nous avons envie de trouver une solution et que la région ait enfin un orchestre permanent sur son territoire." Y-a-t-il, selon elle, un risque de disparition de l'orchestre ? "Oui, il y a un fort risque. Parce que c'est un orchestre qui est financièrement sous-doté depuis très longtemps. Amener les musiciens devant ce choix qui n'en est pas un, celui du contrat à temps partiel imposé ou bien celui de s'en aller... Si l'on s'entête dans ce sens, cela signe la fin de l'Orchestre de Tours."

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"Pas question de faire disparaître l'orchestre"

Non, "il n'est pas question de faire disparaître l'orchestre", nous dit-on du côté de l'employeur, la mairie de Tours. Cette dernière reçoit en ce moment les musiciens un par un pour évoquer leur statut. Mais pas question non plus pour Christophe Dupin, l'adjoint à la culture, d'envisager des CDI à temps plein : "Parce que pour des CDI à temps complet, il faudrait 3 millions d'euros supplémentaires par an. Or, ni l'État ni la région, ni la ville ne peuvent se le permettre. À noter que depuis 20 ans, l'État et la région n'avaient pas augmenté leurs subventions et elles l'ont fait, tout comme la ville et la métropole : le budget du Grand Théâtre de Tours, c'est 650 000 euros en plus cette année par rapport à il y a deux ans."

Mais l'orchestre déplore que cette hausse de budget ne soit pas fléchée vers les musiciens. "Au Grand Théâtre de Tours, il n'y a pas que l'orchestre régional", justifie Christophe Dupin : "Il y a aussi les administrations, les diffuseurs, le chœur... Nous regrettons qu'il n'y ait pas eu une activité plus importante encore pour les musiciens, mais ce sont les effets de l'inflation. Nous avons tout de même fait un effort considérable pour essayer de trouver une solution, et nous essayons aujourd'hui de trouver une issue pour le plus grand nombre de musiciens." Et l'élu est catégorique : la permanentisation n'est à ce jour "pas un horizon" pour la formation. La région Centre-Val-de-Loire est la seule en France métropolitaine, avec la Corse, à être dépourvue d'orchestre permanent.

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